Stress au travail : des signaux d'alarmes nombreux et variés
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[02/02 - 12h36]
Suicide d'un salarié, absentéisme, turn-over important, mal-être ambiant: les signaux d'alarme qui peuvent pousser les employeurs à engager une démarche de prévention du stress dans leur entreprise sont très nombreux et variés.
"L'absentéisme avait presque triplé, les accidents du travail avaient augmenté, et de nombreux salariés se plaignaient", résume Sébastien Strubel, directeur d'une usine Steelcase (mobilier bureau) en Alsace, dans le cadre d'un colloque sur le stress au travail, organisé par l'INRS (Institut national de recherche et de sécurité) à Nancy.
Pour Gilles Schaff, directeur de l'usine Novacarb, en Lorraine, c'est le suicide de deux salariés, dont l'un sur son lieu de travail, qui l'a amené à découvrir, à travers une enquête réalisée auprès du personnel et la création d'un groupe de réflexion, les problèmes de mal-être, de charge émotionnelle accrue et d'inquiétude des salariés de son entreprise.
Le rôle des médecins du travail est déterminant pour alerter l'employeur sur les effets du stress sur la santé des salariés, comme des douleurs musculaires et articulaires, la fatigue, les troubles du sommeil, une sensibilité accrue, des crises de nerfs, de la violence, de l'angoisse, ajoute Dominique Chouanière, chef du projet "stress au travail" à l'INRS.
Myriam Benedetti et Laurette Tinturier, deux techniciennes de l'intervention sociale en famille (TISF), ont ainsi longtemps souffert d'insomnies, de douleurs physiques et de réactions cutanées liées à leur travail, car "on intervient auprès de familles en difficulté et on n'arrivait plus à faire de coupure à la fin de la journée", expliquent-elles.
Elles ont donc participé avec plusieurs collègues à une série de réunions "en psychodynamique", encadrées par des médecins, pour évoquer leur problèmes, analyser leurs expériences, et "savoir dire qu'on a atteint nos limites".
Le stress entraîne aussi le recours à des produits addictifs (alcool, tabac, somnifères, anxiolytiques..), et s'il se prolonge, peut être facteur d'hypertension, de diabète ou d'obésité, et provoquer des maladies cardiovasculaires, des troubles musculo-squelettiques (TMS), des dépressions, ou des infections récurrentes.
"On a un rôle de conseiller technique auprès de l'entreprise pour l'alerter, lui permettre d'évaluer les risques et de mettre en place les solutions", analyse Michel Pittaco, médecin du travail, qui travaille notamment dans les centres d'appels, l'un des secteurs d'activité les plus touchés par le stress.
C'est "la recherche de flexibilité, l'exigence de qualité et d'innovation, les restructurations, la compétitivité accrue" qui entraîne "une augmentation des charges de travail, du sentiment d'urgence, de l'absentéisme et du turn-over, mais aussi une recrudescence des accidents du travail et du stress", affirme le professeur Jean-François Chanlat, de l'université Paris-Dauphine.
Pour Catherine Brun, de l'Agence régionale pour l'amélioration des conditions de travail (Aract) en Aquitaine, il faut donc "passer d'une approche individuelle, à une approche collective", et s'interroger sur "l'organisation du travail, les modes de relation, la gestion des ressources humaines".
Il n'y a pas besoin d'attendre que tous les indicateurs soient au rouge pour se lancer dans la prévention. La loi fait obligation à l'employeur de "garantir la sécurité et la santé physique et mentale de ses salariés", rappelle Nathalie Guillemy, juriste.
Source : AFP
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