Monde - Rwanda / Santé - La circoncision ne suffit pas à se protéger du sida
http://www.dna.fr/monde/20070125_DNA002729.html
Une étude scientifique laissant entendre que la circoncision fait baisser le risque de contamination par le sida est interprétée de façon trop optimiste au Rwanda. Des jeunes se dépêchent de se faire circoncire - au risque de subir ensuite de graves ennuis, y compris à cause du VIH.
Un homme de 23 ans est en soins intensifs dans un hôpital de Kigali, capitale du Rwanda. Circoncis par un voisin avec une lame de rasoir sans anesthésie ni désinfectant, bandé avec un linge sale, il a perdu son sang pendant deux jours avant de voir un médecin. « Je me suis fait circoncire de cette façon car je ne pouvais pas payer l'hôpital », confie-t-il (l'intervention coûte environ 50 dollars en dispensaire public).
Opérés par des non-professionnels
Ces derniers mois, de jeunes Rwandais veulent à tout prix se faire circoncire parce qu'ils ont eu connaissance d'essais scientifiques, toujours en cours, menés en Ouganda et au Kenya. Cette étude estime à 60% la réduction de la transmission du VIH chez les hommes circoncis par rapport à ceux qui ne le sont pas. La plupart des jeunes en ont conclu, à tort, qu'une fois opérés, ils pourraient se passer de préservatifs.
Au Centre hospitalier universitaire de Butaré, le nombre de circoncisions a triplé en 2006. Mais ceux qui se font circoncire sont beaucoup plus nombreux, car l'intervention est classée comme une opération de chirurgie esthétique et n'est pas remboursée. « Un grand nombre se font opérer par un non-professionnel. Beaucoup ne viennent consulter le médecin qu'en cas d'hémorragie ou de grave infection de la plaie », souligne le rapport de l'hôpital de Butaré.
Tragique malentendu
Ces circoncisions pratiquées avec des lames de rasoir, sans hygiène et sans soin, sont risquées. En outre la circoncision n'offre pas le plaisir du "sexe sans barrière" comme l'imaginent la plupart des jeunes. « Même si de nouveaux essais démontrent un risque plus faible pour les hommes circoncis de contracter l'infection à VIH, elle n'offre pas une protection complète contre ce virus », précise Catherine Hankins, conseillère scientifique à Onusida.
« Nous disons sans cesse à nos fidèles d'utiliser toujours un préservatif au cours d'un rapport sexuel suspect », confie un imam rwandais, qui, du fait de sa religion, connaît bien la circoncision. « Tous nos fidèles sont circoncis, mais ils ne doivent pas jouer avec le feu ».
Selon les deux essais menés au Kenya et en Ouganda, la relative protection due à la circoncision résulterait d'une réduction notable de la surface de peau comportant de nombreuses cellules immunitaires (cellules dentritiques), très sensibles au VIH. Ces essais confirment une enquête française menée en 2005 à Orange Farm (Afrique du Sud) par l'Agence française de recherche sur le sida (ANRS) sur 3 000 hommes. Elle montrait que la circoncision masculine réduisait la transmission hétérosexuelle du VIH de la femme vers l'homme.A
lbert-Baudouin
TwizeyimanaÉdition du Jeu 25 jan. 2007© Dernières Nouvelles d'Alsace - 2007
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