Diagnostic du cancer : un nano-dispositif en cours de validation
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/41416.htm
BE France 188 >> 22/02/2007 Focus
Si la miniaturisation des composants électroniques a entraîné des développements technologiques qui ont considérablement bouleversé la vie quotidienne des populations des pays industrialisés, en particulier dans leur manière de communiquer et d'accéder à l'information, la miniaturisation des capteurs biologiques sur une puce et leur intégration en plusieurs millions d'exemplaire vont provoquer une nouvelle fois de profonds changements au sein de cette société moderne.
Les travaux, particulièrement prometteurs, menés actuellement par l'équipe de Christophe Vieu au sein du Laboratoire d'Analyse e td'Architecture des Systèmes (LAAS) de Toulouse en sont un parfait exemple. Propos recueillis par Jean-François Desessard. BE France -
Demain, les laboratoires d'analyses actuels se présenteront sous la forme de puces ? Que va permettre cette miniaturisation ? Christophe Vieu - Notre objectif est en effet de parvenir à intégrer le laboratoire d'analyse actuel sur une puce. Cela permettra de réaliser les analyses biologiques plus rapidement, à meilleur marché et de les rendre ainsi accessibles au plus grand nombre. Prenons l'exemple d'une tumeur qui sécrète des marqueurs biologiques en quantité si faible que les diagnostics actuellement disponibles sur le marché sont incapables de les détecter. Dans ce cas, cette tumeur n'existe pas aux yeux du médecin. En revanche, les nano-dispositifs au développement desquels nous travaillons aujourd'hui permettront de détecter d'infimes quantités de marqueurs biologiques et, par conséquent, la tumeur. D'où la possibilité de diagnostiquer de façon plus précoce et avec une précision accrue l'émergence d'une maladie chez un patient et prévenir ainsi son développement, en particulier en adaptant une thérapie spécifique au patient, c'est-à-dire en lui prescrivant un "traitement à la carte".
Ces nano-dispositifs en développement sont capables de détecter des concentrations de l'ordre du femtomole, c'est-à-dire10 puissance -15 moles. Ainsi il leur suffit d'analyser de l'eau d'une piscine olympique dans laquelle a été diluée une seule goutte de lait pour qu'ils y détectent des protéines constituant ce dernier!
BE France - Où en sont vos développements dans cedomaine ?
Christophe Vieu - Nous avons mis au point un nano-dispositif ultra-sensible, intégrable sur une puce, capable de convertir l'affinité spécifique entre deux protéines en un signal électrique, ce qui permet de détecter de très faibles quantités de marqueurs cancéreux. Pour y parvenir, nous avons dû réaliser une véritable prouesse technologique qui a consisté à fabriquer des nanoélectrodes de 30 nanomètres de large, soit d'une taille comparable à celle des biomolécules que l'on cherche à détecter, dont la capacité à conduire le courant électrique est modifiée par la présence des protéines. Ce dispositif est en cours de validation au sein du cancéropôle deToulouse.
BE France - Quels sont les verrous restant à franchir?
Christophe Vieu - Il en existe un en particulier, issu de la biologie. Aujourd'hui, il reste en effet aux biologistes à élargir la palette des marqueurs biologiques à cartographier pour permettre aux médecins d'établir un diagnostic, à la fois plus précoce et plus précis, y compris dans le développement d'une maladie pour qu'ils puissent prescrire une thérapie adaptée au patient. Or ces nano-dispositifs que nous développons, destinés au départ au diagnostic, peuvent constituer également de formidables outils pour aider les biologistes et médecins à trouver ces marqueurs.
Plus généralement, le développement de ces biocapteurs miniaturisés sur puces n'est possible qu'à travers une coopération pluridisciplinaire entre physiciens, électroniciens, chimistes, biologistes et, à présent, médecins. Or il va falloir que le tissu de la recherche en France permettre de mener ces travaux de façon plus efficace. D'où la nécessité de faire tomber certaines barrières qui subsistent entre différentes disciplines. Par ailleurs, ces outils de diagnostics précoces, que nous pourrions voir émerger à l'horizon d'une dizaine d'années, vont entraîner un véritable problème de société. Aussi les citoyens vont-ils devoir s'en emparer afin de décider de quelles manières ils devront être utilisés.
pour en savoir plus, contacts : Laboratoire d'Analyse et d'Architecture des Systèmes(LAAS) - Christophe Vieu : tél. +33(0)5 61 33 69 65 -Email: cvieu@laas.fr rédacteur : ADIT - Jean-François Desessard - Email : jfd@adit.fr Origine : BE France numéro 188 (22/02/2007) - ADIT /ADIT -
www.comptabilite-travailleur-independant.com